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Tag Archives: Poésie

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Un air bien de son temps, jeunesse et printemps,
Sourire facile des années insouciantes
Après-guerre radieux, verte innocence
Vierge de soucis et de longs accouchements

Immortalisée sur un cliché noir et blanc,
A jamais tu traverses les générations
Figée là, vole vers toi mon admiration,
Echancrée perles nacrées et robe d’antan

Si belle! C’est ainsi que je veux te garder,
Empêcher la mort pour toujours de t’enlever
Chaque jour de nouveau te lancer un coup d’œil,

Tendre et complice; sentir froid à mon cou
Ta présence chérie consoler mes écueils
Cette alliance immortelle, unique bijou.

*

.Une pierre sur une autre,
L’une à l’autre à jamais liée,
Différente et prête à défier

Le temps,
Le vent,
Le changement.Trois générations rassemblées
Et par l’image retrouvée,
L’odeur de l’enfance perdue
Dans l’histoire d’une tribu,

Coule ciment ciselures
Visages et mains burinés
De travail ou de rire tanné
Regards de famille surannés,

Ta propre architecture.

.

.

J’aime le vrai beurre,
tout plein de saveur.

Les yaourts au lait entier,
car à quoi bon se priver.

Le pain plein de mie blanche et lourde,
croquer la baguette, alors sourde

aux bonnes manières, soit dit en passant.
La crème fraîche à 75 %,

Les camemberts non pasteurisés,
du poulet rôti la peau dorée.

La viande toujours saignante,
bien rouge et consistante.

Les légumes croquants,
d’un bruit sec sous la dent.

Et l’ail dans toutes ses formes,
crue, cuite, jamais hors norme.

Oui, les fromages coulants et trop faits,
Les champignons à l’odeur de forêt,

La chantilly à la mousse onctueuse,
celle qui rend douce et langoureuse

La tatin faite maison
dont la croûte fleure bon.

Après les condiments brûlants,
qui laissent le corps tout tremblant.

Les plats qui font pleurer,
De douleur à la joie alliée.

Les mets relevés, sucrés ou poivrés
Bref, j’aime le vrai, le fort, le goûté

Et surtout…..no Ersatz.

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Souvenir de moments engloutis
le passé, là soudain me sourit,
fugace, en images et couleurs.
*
Elle avait le ruisseau du bonheur
entre ses deux dents blanches, enfin
une voix sentant le romarin
celui du sud et celui du cœur.
Un accent du pays, bien le sien
chantait le soleil de Provence
les champs de lavande en France
et n’avait certes rien d’autrichien.
Cigarette roulée à la main
entre le pouce et l’index, adroite
elle rangeait vive dans sa boîte
après usage un briquet tout fin.
Le café sur la table, posé
la conversation faisait bon train
on imaginait le lendemain
de joie, à nos rêves adossées.
Car les livres nous l’avaient appris
ils nous montraient la voie à suivre
les possibles et comme ivres
de futur presqu’endolories
vers Bachmann, Celan, ou Aragon
nos esprits si jeunes s’enflammaient.
Ce sera ainsi et à jamais,
La vie dans toutes ses variations !
Ici ou là, chez elle ou chez moi,
un Mojito de menthe verte
et fraîche pour rester alertes
un pistou ou bien je ne sais quoi.
*
Sagesse rimait avec son nom
et pourtant de folie elle partit,
affreusement seule et sans amis.

.

Cette voix familière, mienne,
vibrante, près des mots réconforts,
seule à faire danser en volutes
voluptueuses les espoirs les plus fous,
dissipe les peurs, berce le présent.

Elle seule calme les fureurs naissantes
monstres effrayants de l’angoisse moite
à l’affût d’une faiblesse prochaine.
Raisonne la raison chancelante
d’un écho simple aux accents caressants.

S’en passer pour fondre dans l’oubli,
ce serait renoncer et mourir
au jour, au bonheur du lendemain
sans elle, ne plus rêver mais glisser
noir, triste et amère vers la fin.

Souffrance quand il faut l’attendre
et que les heures à tuer, maudites,
se refusent, s’étirent inflexibles,
sonnant l’absence, vidant la vie
de sa voix familière, mienne.

Soif de savoir, sublime sagesse
Par mon sang nourriture bénie
Car la nature est en liesse
J’irrigue ton cerveau et ta vie

Rondeurs riment avec bonheur
De ta tête tournée, entend
L’écho coloré de ces chants
A travers moi feutrés, sans peur

Résonnent les notes, les langues
A tes oreilles à peine formées
Slaves mélodies âpres ou suaves
De tant d’autres entrecoupées.

Les vifs battements de ton cœur
Suivent le rythme de la prose,
Des vers qu’offrent les auteurs
Sur lesquels mon désir se porte

Messages chiffrés que filtre
L’intelligence à l’éveil
Délicates mains que frôlent
Le visage encore au sommeil

Les jambes se replient sans cesse
Petit Etre aux traits encore bleuis
Tu sais par tes yeux m’éblouirent
Toi seul me combles d’allégresse.

Six ans, si beau.
Fait de mots étouffés il déborde d’images
où seuls les souvenirs sont présents
mat sous ses voiles, il est l’océan ou nage
un reste d’espoir, grandi par le temps.
*
Vaste et puissant, il étourdit le quotidien
souvent calme mais si peu souvent serein,
sa substance ? De cristal ou de glace;
Précieux, fragile mais toujours une menace
*
Enseveli, il n’en vit pas moins, palpite
de joies vaines – promesse avide
toujours là, si proche de la brisure
ce silence, ma torture.