
Traduit dans une quarantaine de langues, phénomène littéraire, le Goncourt 2020 continue à faire parler de lui….Rejoignez-nous en ligne pour une rencontre avec l’Auteur.
Vous pouvez accéder à l’entretien en cliquant ici.
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Groupe de lecture
Programme littéraire
Alliance Française
– Calendrier 2021-2022
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06 octobre 2021 : L’Anomalie d’Hervé le Tellier (2020)
17 novembre 2021 : Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon (parution 2020)
15 décembre 2021 : Vers la beauté de Foenkinos (parution 2018)
26 janvier 2022 : Fille de Camille Laurens (parution 2020)
02 mars 2022 : L’Ami arménien de Makine (parution 2021)
06 avril 2022 : Canoës de Maylis de Kerangal (parution 2021)
04 mai 2022 : Héritage de Yves Bonnefoy (parution 2021)
01 juin 2022 : La vie en relief de Philippe Delerm (parution 2021)
Le monde n’est plus, vive le monde ! Comme l’adage populaire le faisait entendre pour les rois, lorsque l’un s’éteint, l’autre s’élève et reprend le flambeau de plus belle. En bref, la flamme demeure.
Différence et éloignement balayés, nous voici depuis quelques semaines à la même enseigne, de Honolulu à Paris ou Chicago. Dans notre bulle, et bien qu’hyper connectés avec une prolifération d’écrans à tout vent, nous sommes tous étrangement face à nous mêmes, à nos propres limites ou bien à l’infini des possibles.
Les plus fortunés évoluent dans de grands espaces voire dans leurs jardins ou sur leurs terrasses (j’avoue les envier pour l’extérieur à l’intérieur), les autres dans quelques mètres carrés, avec ou sans lumière directe. Chacun cependant, est confronté à redéfinir le quotidien et recréer une sphère de vie nouvelle.
Entre télétravail et télé-virtualité, on s’adonne alors à une pléthore d’activités selon les goûts et les talents de chacun: on cuisine et fantasme non stop sur le prochain plat (si tant est que cela ne fût pas de mise auparavant d’ailleurs), on relit les livres de sa bibliothèque, ou bien attrape celui qui s’empoussière depuis des mois sur la table de chevet, on improvise des concerts gratuits pour voisins médusés, on bouge sur place en se mettant au yoga et à la méditation, on prévoit l’après confinement et ses prochaines vacances au grand air (surtout de l’air !), on étudie, philosophe sur le sens de la vie et se remémore un temps passé, ou avouons-le aussi on se chamaille gentiment en famille pour mieux se sentir vivre ensemble.
A chacun de composer.
Ici, en plus du reste, on laisse parler le papier qui se lit en deçà des mots.
Tantôt uni, tantôt coloré, mat ou satiné, dense ou léger, petit ou grand il raconte son histoire.
Les lignes s’entrelacent, les surfaces planes s’envolent et le volume advient. Il en sort un monde chatoyant de petites créatures, d’animaux, de fleurs et d’objets.
Et bien sûr
aucune coupure, aucun collage
juste le papier, ses limites et ses possibilités.
Une passion incroyablement simple ou extraordinairement complexe,
que seuls rythment le temps, l’envie et la patience.
Le mariage, en beauté,
de la poésie et des mathématiques,
de la structure et de l’imagination.
On y arrive par une petite route de campagne flanquée de longues barrières blanches derrière lesquelles des chevaux attendent d’être montés. C’est une enfilade de prés dans un espace vallonné. L’autoroute bruyante est déjà loin ; les voitures se font rares et les maisons sont de plus en plus espacées. Elles bordent le bas côté, ou trônent plus imposantes au sommet d’une allée. Nous sommes dans le Kentucky, à quelques heures de Chicago, et bientôt sur la gauche une pancarte indique le but du voyage : Shaker Village of Pleasant Hill.
Le village en question se compose d’une trentaine de bâtisses, en bois et en briques, certaines petites d’autres grandes, séparées par un chemin de terre et par des clôtures faites de pierres savamment empilées ; de hangars aux charpentes massives, de quelques enclos cultivés et d’un cimetière où reposent les derniers habitants du lieu. Car il n’y a plus d’occupants depuis 1923 et Shaker Village est maintenant un gîte, un lieu de retraite pour celles et ceux qui souhaitent se ressourcer. On y séjourne en famille, seul ou en groupe et savoure un endroit hors du temps, propice au silence et à la réflexion.
Plaisant Hill fut fondé au début du 19esiècle par une poignée de croyants venus de New England. Leur foi se basait sur un christianisme ascétique aux règles strictes dont les trois grands axes étaient: travail, célibat et spiritualité.
A l’origine, il y a Ann Lee, alias « Mother Ann », une ouvrière analphabète qui en 1774 fuit l’Angleterre et s’installe sur la côte Est pour y pratiquer la religion qui s’est imposée à elle lors d’une vision. Elle y crée la première communauté Shaker ; ce nom est donné en raison des danses extatiques exécutées par les fidèles lors du culte (de l’anglais « shake » signifiant « vibrer » ou « trembler »). L’austérité de la vie shaker n’arrête cependant pas les adeptes qui, séduits par la sincérité et par les valeurs des Shakers, rejoignent en masse la nouvelle utopie religieuse.
A son apogée en 1840, on compte plus de six mille membres répartis dans dix-neuf communautés dans des états comme le Maine, Vermont, New Hampshire, Massachussetts, Connecticut, Ohio, Indiana et Kentucky. Des familles rejoignent les Shakers et acceptent de troquer leur statut d’époux et d’épouse pour celui de frère et sœur ; les hommes vivent d’un côté, les femmes de l’autre ; les enfants sont ensemble sous la supervision de quelques adultes. Chaque maison est dotée d’une double entrée avec deux cages d’escaliers distinctes afin de respecter la stricte séparation des sexes. En revanche, les droits échus aux membres sont exactement les mêmes, pour les hommes comme pour les femmes, et ce indépendamment de leur couleur de peau (rappelons au passage que l’abolition de l’esclavage ne sera proclamée qu’en 1865 et que le droit de vote des femmes sera ratifié en 1920 seulement !)
Les journées à Plaisant Hill commencent tôt et sont ponctuées par le travail – un travail manuel mais aussi intellectuel et spirituel. Certains sont fermiers, charpentiers, apiculteurs, boulangers, cuisiniers, tisserands; d’autres chimistes, instituteurs, herboristes, architectes voire inventeurs car tout ce qui peut alléger la tâche quotidienne et apporter plus de plaisir est loué. Et pour que tous puissent développer leurs talents et maîtriser plusieurs métiers, les tâches de chacun alternent régulièrement. On prête aux Shakers plusieurs innovations, celles des tissus imperméables, des vêtements ne nécessitant aucun repassage, de la pince à linge en bois, du balai plat ou encore de la machine à laver; la première scie circulaire aurait également été inventée par une femme shaker. Le village est un des premiers à avoir l’eau courante et l’hygiène fait partie des pratiques quotidiennes. Les travaux sont dignifiés ; exécutés avec respect et soin, ils deviennent en quelque sorte une façon de rendre hommage à dieu.
Ainsi, les Shakers construisent leurs maisons, fabriquent leurs meubles, tissent et cousent leurs vêtements – Tout est simple, ordonné et efficace, sans aucun ornement. Ils cultivent pour se nourrir et vendent leurs produits à l’extérieur de la communauté. Les rituels rythment la vie de tous les jours, une façon peut-être de mieux discipliner les corps et de sublimer les interdits. Les services religieux sont fréquents et ils ont lieu dans le « Meeting House» où tous se retrouvent alors: hommes, femmes et enfants. Ils prient, chantent et dansent, parfois pendant des heures – la musique et la danse étant perçues comme d’autres moyens de se rapprocher de dieu.
Ce qui frappe lorsqu’on reste à Plaisant Hill, c’est la beauté sobre de l’architecture et la modernité des valeurs shakers; ce sont les lignes épurées des escaliers droits ou en colimaçon, la clarté minimaliste des chambres, la rigueur patinée des commodes, l’habilité des boîtes en bois de toutes tailles pour y ranger vêtements et objets, l’ingéniosité des patères qui courent le long des murs afin d’y accrocher manteaux, chandeliers ou chaises.
Shaker Village of Pleasant Hill, c’est un lieu à part où intelligence rime avec perfection et harmonie et où en conséquence, il fait parfois bon se retirer.
(https://shakervillageky.org)
Einen guten Rutsch ins 2017!
L’expression allemande est certes la plus imagée et la plus vivante. Aime l’idée de s’engouffrer dans l’année à venir comme si on glissait d’un toboggan géant, prenait de la vitesse, grisé, effrayé, les yeux grands ouverts. On peut se cramponner ou se laisser aller. J’opte pour la deuxième option.
Bonne Année 2017!
Isabelle Olivier harpiste et compositrice prépare avec l’Ecole Franco-Américaine de Chicago (EFAC) un spectacle « Don’t worry, be haRpy » librement adapté du Baron perché d’Italo Calvino, l’opéra sur lequel elle travaille actuellement.
Histoire
Nous sommes en Ligurie, au 18e siècle. Côme, un petit aristocrate de 12 ans, refuse de manger le plat d’escargot que ses parents lui servent. Il se rebelle, s’échappe en grimpant dans un arbre et décide de ne plus jamais en descendre.
We are in Liguria, in the 18th century. Côme, a young aristocrat- only 12 years old, refuses to eat the snail dish that his parents serve him. He rebels, escaping by climbing a tree and decides never to come down.
« Côme Laverse du Rondeau
Il vécut dans les arbres
Aima toujours la terre
Monta au ciel »
Italo Calvino
Programme :
Intro Oiseau – chants
Lunch – danse
Texte
Alone in a Tree – harpe solo
Tribal Dance – bruitage
Rock it – harpe solo
Côme – harpe solo
Forest Mood – texte, danses
Waltz – danse, instruments (piano, clarinette, violoncelle)
Abstraction – improvisation instruments
Blues – harpe solo
Côme back – chants
Final – chants, instruments
Chicago, mercredi 25 février 2015 à 18 heures (Auditorium d’Abraham Lincoln Elementary School)
Happy new year 2015!
Ein gutes neues Jahr!
Felice anno nuovo!
Prospero año nuevo!
C новым годом!
Le drapeau d’un nouveau pays, fruit de l’imagination de deux enfants, ou simplement une carte de voeux pour l’année à venir.
Dimanche après midi, Chicago, des voix résonnent dans l’église de Saint Chrysostom, chantent a cappella des morceaux couvrant deux siècles, une dizaine de langues, de pays et de cultures. L’audience voyage, de Strasbourg à Syracuse en passant par Hambourg, Helsinki, Budapest, Varsovie, Moscou, Madrid et Athènes. Environ soixante minutes et un tour du monde au sommet de la tessiture, porté par six femmes, sopranos et mezzo-sopranos, chanteuses de l’ensemble vocal « Voix de stras’ », originaire de Stras – bourg, dirigé par Catherine Bolzinger.
On apprécie au passage la polyphonie ludique de l’expression, le raccourci familier voire affectueux du lieu, mais aussi l’image du verre qui imite le diamant. Les voix de Stras’, précieuses et brillantes, font miroiter toutes leurs facettes, cisellent l’air, se faisant tantôt sirènes, tantôt furies, amoureuses, ou magiciennes. Les langues changent ; malléables, elles prennent la forme de Lieder aux intonations sacrées, puis celle de morceaux plus contemporains où l’amour se déclame en vers célèbres et se perçoit en cris de joie ou de peine.
Les silhouettes fines vêtues de noir incarnent un personnage, vivent une sensation, transmettent un message – L’expérience théâtrale est très proche et le public est subjugué.
Invité par le forum international de musique classique, Classical : Next, Voix de Stras’ sera en Autriche, à Vienne du 14 au 17 mai prochain. Le groupe se produira notamment à l’Institut français de Vienne, pour une matinée concert le jeudi 15 mai à 11h30. Le showcase Classical Next 2014 aura lieu ensuite le 16 à 22h40 à Porgy and Bess, riemergasse 11, 1010 Wien.
Que les Viennois se le disent et pour moi, une raison de plus de vouloir y être….
Pour plus d’info sur Voix de stras’: http://voixdestras.eu
Italie et France, autour d’un menu, et un hommage à une même génération de femmes, à deux prénoms aux sonorités proches, l’une était Française et l’autre d’origine italienne puis ensuite elle fut américaine d’adoption.
Marcella Hazan bien sur pour toute l’inspiration italienne, avec sa « torta di mandorle » notamment, faite sans un gramme de beurre et sans un seul jaune d’œuf, une gageure pour tout bon Français – juste quelques amandes portées par un nuage de neige, c’est beau, c’est léger et c’est délicieux.
Crostini avec ricotta et anchois
Crostini con ricotta e acciughe
Noix de pétoncle sautées à l’ail et au persil
Pettini di mare con aglio e prezzemolo
Gigot d’agneau au four
Cosciotto di agnello al forno
Flageolets aux herbes
Fagioli verdi alle erbe aromatiche
Fenouils à l’huile d’olive
Finocchi brasati
Gâteau aux amandes
Torta di mandorle
Fraises au vin
Fragole con vino
Vino : Prosecco
Vin : Sancerre, Saumur blanc et Chinon
Buon appetito, bon appétit !
«Between the folds», le documentaire de l’Américaine Vanessa Gould, sorti en 2008 révèle le monde connu et méconnu de l’origami. Nous sommes loin ici des cocottes en papier que chacun sait plus ou moins faire et expérimente joyeusement en famille. Le papier devient statue, forme géométrique complexe, objet aux mille facettes – un mélange unique de technique et d’émotion.
Plusieurs artistes prennent la parole, parlent de leur découverte de l’origami, de leur fascination et de leur travail incessant pour dompter un art qui semble sans limite. Un pli, puis un autre, des centaines pour les plus experts et la surface s’incarne sous nos yeux.
Le papier prend corps et âme. Il devient sens.
Le documentaire est bref. Il ne dure que 55 minutes et semble ne faire qu’aborder le sujet pour mieux nous le laisser découvrir. On ressort de ce film avec l’envie de créer, de se perdre « entre les plis ». Car c’est bien là que la magie opère, dans cette recherche par l’art d’un moment de grâce et d’un au-delà, situé « entre » les plis.
La tasse de thé de Proust distille son parfum car l’origami aussi est un monde qui se déplie, se multiplie – une délicieuse mise en abyme qui nous transporte dans l’espace et le temps.