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A. SternParis, un début d’après-midi de décembre, Arno Stern me reçoit rue Falguière dans son atelier. Nous passons deux heures à converser dans le « closlieu », l’espace qu’il a créé pour « le jeu de peindre » et pour ce qu’il a nommé « la formulation ».

Cela faisait plusieurs années qu’au détour de mes lectures et réflexions, le nom de Stern revenait, son œuvre, ses théories ; le témoignage ensuite de son fils, André dans « Et je ne suis pas allé à l’école – histoire d’une enfance heureuse ». Il aura fallu une conversation avec une enseignante et plusieurs heureuses coïncidences pour que mon court séjour parisien se voie enrichi d’une visite auprès du pédagogue et fondateur de l’Institut de Recherche en Sémiologie de l’Expression.

« Ici, on joue et quand le jeu est fini, on s’en va » me dit d’emblée Arno Stern. « Ici », c’est le lieu clos d’où le néologisme « closlieu », une pièce d’une vingtaine de mètres carrés sans fenêtre. Le plancher est en bois, le plafond est blanc, les murs sont bariolés, le mobilier se réduit à une table-palette contenant dix-huit couleurs ; elle est placée au centre. Une porte pour y entrer ; une autre plus loin pour ressortir. Une étagère dans un coin permet de ranger des feuilles blanches ainsi que quelques godets et tabourets. « On », ce sont les enfants et les adultes (au maximum une quinzaine par séance) qui le mercredi, samedi ou dimanche se retrouvent pour « jouer », soit peindre loin du bruit et des regards extérieurs.  C’est un moment collectif mais où chacun s’exprime pour soi, en donnant libre cours à sa créativité. Les concepts d’art, d’esthétisme et de production sont bannis. Et si la parole est permise et présente dans le jeu, elle ne sert jamais à commenter ou analyser. Dans le « closlieu », il n’y a ni raisonnement, ni intention, ni attente, ni spéculation, ni comparaison. L’acte de peindre est un jeu sans autre enjeu, il est gratuit et spontané. Chaque participant a sa feuille de papier rectangulaire (la taille correspond au champ visuel d’une personne placée en face d’elle). Six punaises la font tenir au mur. Chacun se munit d’un pinceau, le trempe dans le gobelet de son choix et peint – tout est simple mais ritualisé.

Le « servant du jeu de peindre » sert, comme son nom d’indique, de facilitateur. Il aide à mettre et enlever les punaises pour que l’acte reste fluide ; il rectifie les coulées malheureuses, essuie les gouttes inattendues, apporte un tabouret si nécessaire, aide à la création de nuances de couleurs. Son rôle est clef et plus important qu’il n’y paraît de prime abord – il permet à chacun de rester concentré, de se sentir entouré et ainsi de se livrer pleinement à la « formulation ».
A ce propos, si vous souhaitez apprendre le métier de « praticien » ou « servant du jeu de peindre », sachez qu’il est possible de suivre une formation rue Falguière. Ces formations se déroulent sur dix jours – un total de soixante-cinq heures pendant lesquelles le nouvel initié se familiarise avec les gestes indispensables, avec le langage et surtout apprend à ne jamais être étonné ou interpréter le résultat obtenu.

Lors du «jeu de peindre », il arrive que certains participants continuent d’une fois sur l’autre sur un même thème – la peinture, ou plutôt comme Arno Stern préfère l’appeler, « la trace » peut alors aller jusqu’à deux mètres de haut et s’étendre sur plus de cent mètres de long (Il me confie que l’un des participants vient chaque dimanche depuis plusieurs décennies et ce depuis ses quinze ans). Quand la séance est terminée, chacun laisse sa « trace » – Elle est ensuite étiquetée et rangée.

De fil en aiguille, ou plutôt de couleur en pinceau, on aborde le cœur de la théorie de Stern, soit la « formulation », concept qu’il a découvert après de nombreuses années de recherches et d’expérimentation. Mais pour mieux comprendre le chemin parcouru vers le « closlieu » et la « formulation », retournons tout d’abord aux racines d’Arno Stern.

Comme son nom le fait penser, il naît en Allemagne, dans un pays appauvri par l’inflation. Le national-socialisme est en pleine croissance et lorsqu’Hitler prend le pouvoir en 1933, la famille Stern pressent la menace et décide de fuir. Les Stern arrivent en France ; Arno a huit ans et va à l’école publique ; il apprend une langue alors inconnue, le français. En 1940, la guerre les contraint à fuir de nouveau. Ils réussissent à passer en Suisse et y restent jusqu’en 1945 dans un camp de travail. La paix revenue, la famille retourne en France et doit pour la troisième fois repartir de zéro. Arno Stern cherche un travail ; on lui propose de s’occuper d’enfants orphelins de guerre âgés de quatre à quinze ans. Il leur propose de peindre et là, c’est le coup de foudre ; le « jeu de peindre » deviendra sa passion et la quête de sa vie.

Des années plus tard, Arno Stern ouvre à Paris « L’Académie du Jeudi » (Le jeudi étant alors le jour de la semaine sans école). L’atelier a du succès. Il y accueille bientôt jusqu’à cent-cinquante enfants par semaine. Leurs dessins/traces, sont rangées avec soin avec le nom de chaque enfant et la date. (Les archives commencées en 1947 comptent de nos jours plus de 500.000 traces).
Les traces présentent des similitudes intéressantes et il établit un inventaire constitué de douze objets de base. Ces objets sont ceux qui reviennent de façon récurrente, indépendamment de l’âge, de l’identité ou du milieu social de l’enfant. Il y a bien sûr : le soleil, la fleur, l’arbre, l’eau, la terre, l’oiseau….et la maison. Comme on sait, tout enfant aime à dessiner une maison ; cependant aucune de ces maisons ne ressemble jamais à celles qu’il voit ou a vu en réalité. Alors pourquoi cette conformité entre elles et d’où vient cette maison ?

Intrigué par l’origine des « traces » et curieux surtout de savoir si elles relèvent d’un code commun à tous les êtres humains, Arno Stern décide de partir dans des régions reculées, dans le désert, de gravir les hautes montagnes coupées du reste du monde et d’aller à la rencontre de populations nomades, préscolarisées et donc hors du champ d’influence de l’école. (Ses pas le mènent vers l’Ethiopie, la Mauritanie, la Nouvelle Guinée, le Pérou, l’Afghanistan etc.). Là-bas, il déplie sa table-palette et observe, sans avoir jamais à prescrire ou expliquer plus avant. Les résultats sont étonnants. Non seulement chacun sait intuitivement ce qu’il faut faire mais surtout les « traces » à Paris, comme dans la forêt vierge ou le désert sont identiques. Le développement de celles-ci aussi évolue de façon similaire selon l’âge de l’enfant. Après maints voyages et plusieurs années de recherches et d’expériences variées, il peut enfin affirmer l’universalité du phénomène qu’il nommera « la formulation ».

Mais qu’entend-ton exactement par « formulation » ? Quelle en est sa source? Et comment se peut-il qu’elle touche ainsi tous les êtres humains, indépendamment de leur origine ?

Stern parle d’expression spontanée d’une nécessité interne et avance la théorie de la « mémoire organique »  (la rapprochant de ce que les neurosciences appelleront plus tard « la mémoire cellulaire »). Il pointe sur le fait qu’avant l’âge de deux ou trois ans, personne n’est capable de se souvenir. On peut bien évidemment s’être appropriés des histoires ou des images racontées par ses proches, voire les avoir intégrées de façon si parfaite qu’elles semblent venir de nous, mais en vérité les souvenirs conscients s’arrêtent à ce seuil. En d’autres termes, ce qui constitue les prémisses de notre vie nous reste inaccessible. « Tragique ! » comme s’écrit Stern qui utilise alors la métaphore du livre. Les premiers chapitres en constitueraient la « mémoire organique » ; l’être humain serait comme un ouvrage dont on aurait arraché les vingt ou trente premières pages. Comment dans de telles conditions lire, apprécier, voire comprendre un tel livre ?

C’est là qu’intervient, selon Stern, le jeu de peindre et l’expérience de la formulation. Elle est une des voies d’accès possibles à la mémoire organique, à ces fameuses pages manquantes du livre. Pénétrer dans le « closlieu », se prêter au « jeu de peindre » et « se livrer à la formulation » serait donc un peu comme reconstituer son propre livre.

Il insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de thérapie (car il n’y a pas de maladie), mais plutôt de l’expression d’un plaisir spontané afin de parvenir à un meilleur équilibre ou une plus grande connaissance de soi – une façon ludique en quelque sorte d’« être soi-même parmi les autres ».

Deux heures se sont écoulées depuis le début de l’entretien, alors que j’ai l’impression d’être arrivée il y a seulement dix minutes ; la passion d’Arno Stern est rafraîchissante et stimulante.

Merci Arno Stern de votre générosité et de votre enthousiasme !
https://arnostern.com/en/index.html.

Le closlieu 1 La table palette

 

 

 

 

 

 

 

Harpe3Isabelle Olivier harpiste et compositrice prépare avec l’Ecole Franco-Américaine de Chicago (EFAC) un spectacle «  Don’t worry, be haRpy » librement adapté du Baron perché d’Italo Calvino, l’opéra sur lequel elle travaille actuellement.

Histoire

Nous sommes en Ligurie, au 18e siècle. Côme, un petit aristocrate de 12 ans, refuse de manger le plat d’escargot que ses parents lui servent. Il se rebelle, s’échappe en grimpant dans un arbre et décide de ne plus jamais en descendre.

We are in Liguria, in the 18th century. Côme, a young aristocrat- only 12 years old, refuses to eat the snail dish that his parents serve him. He rebels, escaping by climbing a tree and decides never to come down.

« Côme Laverse du Rondeau
Il vécut dans les arbres
Aima toujours la terre
Monta au ciel »
Italo Calvino

Programme :

Intro Oiseau – chants 

Lunch – danse

Texte

Alone in a Tree – harpe solo

Tribal Dance – bruitage

Rock it – harpe solo

Côme – harpe solo

Forest Mood – texte, danses

Waltz – danse, instruments (piano, clarinette, violoncelle)

Abstraction – improvisation instruments

Blues – harpe solo

Côme back – chants

Final – chants, instruments

Chicago, mercredi 25 février 2015 à 18 heures (Auditorium d’Abraham Lincoln Elementary School)

ImageDonner accès à l’éducation, première pierre dans l’édifice de la liberté…une évidence mais qui cependant doit être rappelée, et pour laquelle il est toujours bon d’œuvrer, s’engager. C’est ce que se propose l’association « Blooming, s’épanouir à l’école » nouvellement fondée par Nadia Haton et composée de plusieurs personnes dont le parcours diffère mais que les talents et la volonté humanitaire regroupent.

Blooming apporte actuellement son aide en Inde, mais d’autres projets suivront, partout où le manque de possibilités et de moyens empêchent aux enfants d’accéder à la connaissance, et donc à la pleine réalisation de soi.

Les façons d’aider sont multiples. Elles se font sous forme de donations sachant qu’un apport financier minime peut sécuriser une année scolaire pour un enfant de Bangalore ou bien permettre d’élever le niveau général de l’école locale ; sous forme de volontariat sur place ou à distance ; mais encore via toute action de sensibilisation et de diffusion.

Pour preuve ce billet qui j’espère, vous fera cliquer sur le site de Blooming, au nom aussi bien choisi que prometteur : http://blooming-sepanouiralecole.org.

ImageLa soprano, Nathalie Colas et le pianiste, Daniel Schlosberg, seront le 4 avril 2013 à Chicago (Abraham Lincoln Elementary School – 615 West Kemper Place, Chicago 60614) pour un Récital de mélodies françaises (18h-19h30).

Le programme couvrira des morceaux classiques tirés de poèmes connus ainsi que des chansons plus populaires et fera participer les élèves de l’école franco-américaine de Chicago (EFAC) ainsi que d’Abraham Lincoln Elementary School.

Pour le programme choisi

Lecture : La Tulipe, poème de Robert Desnos

Chant: Le Papillon et la fleur, poème de Victor Hugo       – – –  G. Fauré

 

Lecture : deux fables de Jean de La Fontaine

Chant: Le Corbeau et le Renard – – – –  B. Godard

 

Lecture : L’enfant qui a la tête en l’air, poème de Claude Roy

Chant : quatre chansons pour enfants – – –  F. Poulenc

La tragique histoire du petit René, poème de Jaboune

Nous voulons une petite soeur, poème de Jean Nohain

Le petit garçon trop bien pensant, poème de Jaboune

Monsieur Sans-Souci, poème de Jaboune

** pause **

Chocolat Chaud : morceau chanté par les élèves de la chorale Française de Lincoln

 

Chant : La Pastorale des Cochons Roses, poème d’Edmond Rostand – – –  E. Chabrier

Chant : Villanelle des petits Canards, poème de Rosemonde Gérard

 

Chant : Les feuilles mortes – – –  J. Kosma

Chant : La vie en Rose – – –  M. Monnot

 

Lecture : Les oiseaux perdus, poème de Maurice Carême,

Chant : Romance de l’Etoile, extrait de L’Etoile – – –  E. Chabrier

Chant : «Ah que j’aime les militaires » extrait de La Grande Duchesse de Gerolstein – – –  J. Offenbach

Le soprano en quelques mots 

Nathalie Colas est née à Strasbourg, en France. Elle est diplômée de l’université de DePaul School of Music à Chicago. Elle est aussi titulaire d’un master de chant classique et de musique de chambre baroque du Conservatoire Royal de Bruxelles, en Belgique ainsi que d’un master du Studio d’Opéra, de l’Université des Arts de Berne, en Suisse.
Dans le cadre de la classe Internationale de Lied d’Udo Reinemann à Bruxelles, Nathalie a étudié la mélodie et le Lied avec, entre autres, Edith Wiens, Roger Vignoles et Hartmut Holl.

Son répertoire est riche et varié.

Elle a interprété pour l’opéra les rôles de:

–       Despina, dans Cosi Fan Tutte de Mozart

–       Julia dans Romeo und Julia de Boris Blacher

–       Serpina dans Il Curioso Indiscreto d’Anfossi

–       Rosina dans Il Barbiere di Siviglia de Paisiello

–       Alceste dans Antigona de Myslivecek

–       Amaryllis dans Dido and Aneneas de Purcell

Elle a chanté en tant que soliste de concert:

–       la Trauerode de J-S Bach

–       la Messe en ut de F.X. Richter

–       la Messe Solennelle de Gounod

–       le Requiem de Dvorak

–       la Messe en Si de Schubert

–       une série de concert du « Chicago Bach Ensemble », cantates BWW 82 et BWV57

Elle est aussi l’une des solistes du « Fonema Consort », ensemble de musique contemporaine de Chicago.

Elle a participé enfin aux créations d’œuvres d’Aperghis, de Dusapin et de Christophe Bertrand et réalisé un enregistrement de créations par de jeunes compositeurs européens avec l’ensemble vocal “Voix de Stras”.

Pour plus d’info, voir son site: http://www.nathalie-colas.com/

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Qui n’a pas été touché par la grâce surannée des contes, la fascination qu’ils exercent à tout âge, et l’incroyable richesse qu’ils représentent?
On pense à Perrault, aux frères Grimm mais aussi à Andersen, et à bien d’autres ancrés dans les traditions et légendes de chaque culture.
Il y a deux cent ans, en 1812, les frères Grimm publiaient Kinder und Hausmaerchen, une occasion pour l’Institut Goethe à Chicago d’organiser une journée autour des contes, avec une représentation théâtrale, des débats en anglais et enfin des ateliers pédagogiques en allemand et en français pour professeurs de langue.Grimm et Perrault seront à l’honneur. J’animerai la formation de Perrault en français et les activités pédagogiques qui pourront ensuite être réutilisées en classe de français.
Nous verrons du manga à l’opéra, de la prose à la poésie, du texte écrit aux jeux de rôles, mille et une façons possibles de travailler les contes en cours de langue.

Formation du 13 avril, 2012 – en anglais, allemand et français
Organisé par le Goethe Institut et le consulat français à Chicago
130 North Michigan Avenue, Suite 200, Chicago, Illinois 60601

Spring 2012: Mémoires d’une jeune fille rangée

Mondays: 7:45pm – 09:45pm
Simone de Beauvoir alias Le Castor (her nickname was “the beaver”) is one of France’s most important existential philosophers and writers of the 20th century. Famous for being the lifelong companion of Jean-Paul Sartre, in her memoirs she describes her intellectual development from a young bourgeois girl to an engaged intellectual figure. In her prolific and impressive oeuvre of fiction and philosophical essays she argued in favor of freedom as a basis of human condition, as well as sexual equality among genders.

Over the course of three full sessions we will explore Beauvoir’s main autobiographic novels and discuss her views on ethics, feminism, philosophy and politics.

o 1st session: Mémoires d’une jeune fille rangée (Memoirs of a dutiful daughter – 1957)
o 2nd session : La force de l’âge (The prime of life – 1960)
o 3rd session : La force des choses (The force of circumstance – 1963)

Each class will focus on one book and can be taken individually.
(Proficient level – Minimum of 450 hours of French)

Alliance Française de Chicago – Cours de littérature session Printemps 2012

Extraordinaire, dans la peau de Sonia Bergerac, personnage central du dernier film de Jean-Paul Lilienfeld, Isabelle Adjani incarne dans La journée de la jupe (2009) le rôle d’une femme passionnée et fragilisée, pour qui soudain tout bascule. Sur fond de tensions sociales et de clivages culturels, le film nous montre la descente aux enfers d’un professeur de français pour qui l’enseignement dans ce collège de banlieue « défavorisé » se résume à une confrontation permanente avec des jeunes désabusés, sans repaires, vulgaires et agressifs.
Un jour, alors qu’elle cherche désespérément à faire répéter une pièce de Molière à ses étudiants dans le théâtre de l’école, elle découvre une arme à feu dans un sac, cherche à s’en emparer et blesse dans la confusion le caïd de la classe, détenteur de l’arme.

L’incident pourrait s’arrêter là. Il n’en est rien. Goutte d’eau dans un vase trop plein, tout déborde et prend une tournure imprévue. De victime, Sonia passe en quelques minutes au rôle de bourreau et prend en otage le groupe d’élèves. Elle continue alors son cours de littérature mais les méthodes pédagogiques ont changé, elles sont maintenant appliquées à coup de menaces et de tortures psychologiques. Le huit clos fait remonter à la surface les haines raciales, les violences sexuelles faites aux filles/femmes et nous laisse les témoins pantois de la brutalité qui se joue au quotidien entre les élèves.

Dehors la police encercle l’école, les familles apeurées accourent aux portes du collège et la presse, avide de sensation, se saisit de l’événement. La tension monte. Tout est flou, à l’intérieur de la classe où les rôles entre victimes et tortionnaires semblent de plus en plus perméables, à l’extérieur aussi où personne ne comprend la situation. La police ne réalisera que très tard qui en vérité est le preneur d’otages. Elle sommera alors Sonia de soumettre ses revendications. L’une d’entre elles sera de réclamer au Ministre de l’Education une journée de la jupe – jupe, nouveau tabou ou simple symbole de l’affirmation féminine face aux terreurs sexuelles et aux répressions de la société.

La fin est tragique, bien sûr. Quant à Adjani, dans le rôle de cette prof déjantée, elle est sublime. Rien d’étonnant donc à ce que ce rôle lui ait valu en février 2010 le césar de la meilleure actrice.
On ne peut s’empêcher de rapprocher le film de Lilienfeld à deux autres dans le genre : Entre les murs de François Bégaudeau et La haine de Mathieu Kassovitz (tous deux remarquables).

J’engage par ailleurs à revoir Isabelle Adjani dans d’autres réalisations où elle incarne avec brio des personnages féminins qui sombrent dans la folie. Je pense particulièrement à :

  •  Adèle H. de François Truffaut (1975)
  • L’été meurtrier de Jean Becker (1983)
  • Camille Claudel de Bruno Nuytten (1989)

En attendant et pour ceux qui habitent Chicago, La journée de la jupe passe de nouveau ce soir à Facets (deux séances: 7 et 9 heures). Personnellement et si je pouvais, j’y retournerais.