Il est assez rare de nos jours d’entrer dans une salle de cinéma comble, et encore plus de lire le générique de fin sous les applaudissements de l’audience. Ce fut le cas cependant pour le dernier film du réalisateur français Michel Hazanavicius – oui, son nom est difficile à prononcer et se lit en cinq mouvements; il faut prendre son temps.
The Artist, est un hommage au cinéma muet et montre les affres d’un acteur à succès, George Valentin alias Jean Dujardin, se voyant reléguer au vestiaire par l’arrivée du cinéma parlant. Une charmante rencontre, Peppy Miller, actrice en herbe, (interprétée par Bérénice Bejo) joue la carte de la modernité, et ravit rapidement la tête d’affiche tout en devenant secrètement l’ange gardien de Valentin dont elle s’est éprise. Accablé par son déclin, Valentin se refugie dans l’alcool et ne trouve plus secours et réconfort qu’auprès de son chien, fidèle terrier auquel il ne manque que….la parole. L’amour de la belle Peppy sauvera le malheureux artiste de sa dépression et c’est aux sons des claquettes que s’achève le film ou plutôt celui que les deux tournent ensemble.
Dujardin est parfait dans son image de beau ténébreux, et la ressemblance à Clark Gable est confondante. Quant à Bejo elle pétille d’entrain durant tout le film.
On notera quelques beaux passages. Par exemple quand les deux acteurs répètent une scène où il doit incarner un personnage autoritaire et où il succombe à chaque séquence de tournage au charme de la jeune fille. Une autre où c’est elle cette fois qui se glisse en catimini dans sa loge et passe voluptueusement les mains dans sa veste imaginant qu’il l’enlace.
L’intrigue est légère, le propos intéressant et l’hommage vibrant. Un film en noir et blanc, muet, aurait par ailleurs pu rebuter un public habitué aux effets spéciaux et à l’action trépidante. Au lieu de cela, il surprend et rafraîchit. Les clins d’œil ludiques, dans la tradition du cinéma muet, sont plein d’humour et volontiers autocritiques.
Le film précédent d’Hazanavicisus, OSS 117, était une parodie de films d’espionnage. Loufoque il m’avait laissé perplexe ; celui-ci m’a séduite. Je me demande maintenant à quel hommage le réalisateur paiera tribut la prochaine fois.
Mais pour l’heure, qu’on se le dise, The Artistest un divertissement aussi esthétique qu’intelligent.