Insomnie
Un morceau de verre éclate.
Sans doute un bruit de l’extérieur venu se fracasser sur la paroi des songes. L’image disparaît emportant avec elle les derniers lambeaux de lueurs et l’illusion du bonheur.
Lentement, dans le noir, tout reprend forme.
La chambre est froide, comme inhabitée.
Est-ce l’heure de ceux qui rentrent tard ou bien des autres qui se lèvent tôt ?
Attrapée en elle-même, la pensée virevolte. Saute-mouton sans pattes, rien n’avance plus. Tout semble opaque, infranchissable ; l’atmosphère est moite et l’esprit englué dans une nasse. Le temps s’étire, lascivement.
L’espace se résume au lit devenu l’ennemi.
A gauche, à droite, sur le dos, puis le ventre.
Le corps lourd et maladroit cherche des poses, aimerait tant s’oublier et de nouveau pouvoir sombrer. Le fleuve des évènements coule, des visages connus s’y reflètent. Ces voix familières résonnent encore, un écho insaisissable cependant.
A gauche, à droite, sur le dos, puis le ventre.
Les minutes, puis les heures tombent, sans pitié et l’angoisse, indéfinie, tâtonne. Elle rampe, se rapproche. Sa menace est réelle.
Alors, le pouls dans les paupières, je fuis et quitte pour de bon la chaleur du repos.