Première partie : Chapitre I-IX (13 -124)
Le livre commence comme un roman de chevalerie, Solal, en jeune héro épique et glorieux, arrive à cheval chez sa belle, se cache dans sa chambre et lit en l’attendant son journal intime – journal qui révèle au lecteur le passé d’Ariane, jeune aristocrate genevoise née d’Auble et épouse du petit bourgeois Adrien Deume. Solal a fait le projet de séduire Ariane, qu’il a aperçue brièvement lors d’un dîner de gala et dont il est tombé de suite fou amoureux. Mais c’est en vieillard édenté qu’il lui déclare sa passion espérant follement, naïvement, qu’elle oubliera son âge et sa prétendue laideur pour répondre à sa flamme – femme élue dont la pureté rachètera toutes les autres – nouvelle Eve au cœur pur. La belle, hélas, prend peur et lui lance au visage un verre qui le blesse. Furieux de s’être trompé, il retire son masque et lui jure de revenir la séduire mais cette fois, de la manière qu’elle mérite, soit bassement et en employant tous les vils stratagèmes de la conquête amoureuse.
On apprend ensuite que ce même Solal n’est autre que le supérieur hiérarchique d’Adrien Deume, le mari ambitieux et médiocre d’Ariane. Petit fonctionnaire de la Société Des Nations, Adrien est incroyablement paresseux et ne sait que trouver pour éviter d’avoir à travailler. La partie se termine sur la promotion surprise accordée par Solal à Deume qui alors ivre d’ambition et de reconnaissance invite son chef à un dîner de réception chez lui.
Etude de passages/thèmes
1. Genre épique et introduction du personnage central, Solal.
Page 13 « Descendu de cheval » jusqu’à page 16 « Sur le lit, un cahier d’école. Il l’ouvrit le porta à ses lèvres, lut. »
L’écriture de Cohen est exaltée et oscille entre archaïsme, préciosité et mysticisme. Le début déroute et ne répond pas au début traditionnel d’un roman du XXe siècle (influence des romans chevaleresques, courtois ainsi que de la bible Cantique des Cantiques).
2. Paresse exemplaire d’Adrien Deume, incapable de travailler
Page 61 « Et maintenant au boulot, mon petit vieux » jusqu’à page 63 « Bon, on lirait la saloperie demain matin, d’un seul trait ! » – Calcul des congés et privilèges que lui donne son statut de fonctionnaire international
Page 98 « Tu vas voir, je vais te faire le compte des jours où je ne travaille pas » jusqu’à page 102 « C’était bon tout de même de tout partager avec sa femme »
3. Servitude devant le chef – véritable prostitution
Page 115 « Chaste et timide, bouleversé par ce sublime attouchement.. » jusqu’à page 116 « C’était la plus belle heure de sa vie ».
Seconde partie : Chapitre X-XXXVI (127-459)
Les cinq cousins de Solal, venant de Céphalonie et prénommés Saltiel, Pinhas dit Mangeclous, Mattathias, Michaël et Salomon, ou bien encore appelés les Valeureux, arrivent à Genève pour rendre visite à leur parent. Saltiel, effrayé par les confessions de Solal sur ses attirances pour une Chrétienne, se donne pour but soit de lui trouver une jeune femme juive, belle et bonne à marier, ou soit de rencontrer Ariane et de la convertir au judaïsme. Pendant ce temps Les Deume, père, mère et fils, préparent un dîner pompeux sensé impressionner le chef d’Adrien. Mais Solal ne vient pas, leur faisant faux bond au dernier moment et les laissant mijoter des heures à l’attendre. Peu de temps après Adrien Deume reçoit un ordre de mission l’éloignant pour trois mois de Genève ainsi qu’une invitation à dîner chez Solal le soir de son départ. Adrien s’y rend, seul ; Ariane irritée par l’attitude servile de son mari et connaissant la véritable raison de l’invitation, refuse de l’accompagner. Désireux de plaire Adrien se comporte avec artifice et empressement devant le maître, puis par discretion se retire bientôt lorsqu’il apprend qu’une jeune femme vient d’arriver au Ritz pour Solal. Adrien est loin de se douter qu’il s’agit de son épouse, prise soudain de remords à l’idée de n’avoir pas accompagné son mari. Il se rend à la gare alors qu’Ariane arrive au Ritz. Une scène de séduction peu banale se joue ensuite entre les deux protagonistes. Solal donne trois heures à Ariane pour tomber en amour, subjuguée par son discours ou bien lui promet de promouvoir à nouveau son mari si elle lui résiste. Patiemment il démonte alors tous les manèges et toutes les vanités de la conquête amoureuse, et séduit Ariane en employant justement les armes qui visent à détruire cette séduction. De rebelle et agressive, Ariane devient silencieuse puis songeuse pour enfin se prosterner en esclave devant son seigneur. C’est sur la première nuit des amants et sur le chant de leur amour partagé que se termine la seconde partie.
Etude de passages/thèmes
1. Le dîner – Un menu Rabelaisien
Page 185 « C’est une surprise pour Adrien» Jusqu’à page 187 « Adrien et moi, nous nous chargerons de la conversation »
Le dîner – Premier calvaire de l’attente
Page 222 « Les trois se tenaient debout, n’avaient pas le courage de s’asseoir… » jusqu’à page 225 « Vraiment, Adrien, je ne comprends pas que tu sois distrait à ce point. »
Le dîner – Deuxième martyre des trois Deume
Page 239 « Dix heures sonnèrent en même temps à la pendule Neuchâteloise» jusqu’à page 242 « Dans dépenses personnelles d’Adrien, dit-elle en se levant. Bonne nuit je vais me coucher. »
2. La scène de séduction – chapitre entier page 385 à 439 –
Dégager tous les manèges de la conquête amoureuse
Choisir un passage (par étudiant) pour lecture et explication en classe
3. Réflexions des amants contrastent avec celles du mari
Montrer en quoi il y a ici deux textes qui s’entrecroisent (Séparer discours d’Adrien du discours des amants)
4. Chant d’amour – ferveur presque religieuse
Page 456 « Sainte stupide litanie » jusqu’à page 459 « Amour, ton soleil brillait en cette nuit, leur première nuit. »