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ImageUn an depuis notre dernière visite et bien sûr tout est immuable. Même chaleur d’été, semblables paix et joie enfantine. Nous poussons le portillon, nous glissons à travers les allées, cherchons quelques minutes, puis retrouvons les noms gravés dans la pierre que quelques brins d’herbes sont venus recouvrir. « Les voilà ! » Alignés sagement les uns à côté des autres, ils nous accueillent, simplement.

On discute, s’active, reprend possession des lieux. T. est à peine visible, envahi par la mousse ; W. semble figer en mai, seul mot qui émerge ; et R. paraît bouger, emporter par une colonie de fourmis au travail. Quant à Chloé, je note cette fois son signe du zodiaque : sagittaire, comme moi.

La promenade au cimetière est un rituel, comme celui d’aller vérifier si les mûriers ont déjà des baies. On en revient avec un bouquet de courtes fleurs jaunes, de feuilles entrelacées ou bien avec quelques récipients tâchés de fruits encore chauds et au dessus desquels s’agitent des moucherons. La maison offre une vue surplombant la vallée, belle et paisible : un horizon de montagnes, ondoyantes, moutonnantes ; des praires et des champs aux multiples tons de verts. Du portique il fait bon s’abîmer dans la douceur du paysage, un livre à la main – le regard dissipé entre les mots et la nature.

Se promener prend une allure proustienne, car c’est automatiquement faire le choix entre deux côtés : partir au sud, et prendre celui des mûriers qui délimitent la prairie où paissent des vaches indolentes, ou bien remonter vers le nord et opter pour celui du cimetière en bordure de forêt. Il n’y a ici aucune autre vraie possibilité d’ailleurs depuis que la quatre-voies au bout du sentier a remplacé l’ancienne route de campagne où deux voitures pouvaient auparavant difficilement se dépasser. Jour comme nuit, et bien que cachées par les arbres, les voitures ronronnent sans discontinuer, empêchent toute échappée à pieds. Partir sans engin, c’est donc traverser champs et forêts, ou bien s’engager, valeureux sur une route étroite qui dessert quelques fermes, au risque de se faire courser par des chiens peu habitués à voir passer autre chose que des tracteurs ou machines agricoles.

Sérieux à l’ouvrage, comme toujours, les enfants grattent et nettoient les pierres pour que tout redevienne aussi propre que lors de leur dernier passage. Ils s’adressent aux trois garçonnets comme à des camarades quittés après un jeu, un autre jour de vacances. «Attends, je vais te débarrasser de toutes ces fourmis, tu vas voir ». Sans y prendre garde, il passe de la troisième personne à la seconde créant l’amitié, si facile à leur jeune âge. Rien n’est différent de l’été passé et surtout rien ne sort de l’ordinaire, pourtant une chose m’étonne et me laisse un sentiment de joie que je ne comprends qu’ensuite, une fois revenue vers la maison. Car j’ai l’impression aussi d’avoir rendu visite à quelqu’un de cher, alors que cette famille m’est inconnue, qu’elle a vécu il y a presque cent ans et surtout qu’elle n’est plus.

Il y exactement un an nous faisions connaissance au hasard de notre balade, prenions note surtout d’existences que nous avions omises par faute d’attention. Chloé nous reçoit aujourd’hui, entourée de sa progéniture, celle qui à tout jamais est ancrée dans l’enfance et l’autre qui ensuite s’est perpétuée. Elle nous conte en silence son histoire, nous fait rêver sa présence et nous salue au détour de nos vacances.

S’il est des amitiés qui se passent de langage commun, d’autres qui sortent des romans pour se fixer plus assurément dans la réalité, il semble qu’il y en ait d’autres encore qui bravent le temps, cette ligne soi-disant linéaire, et redéfinissent la frontière séparant les vivants des morts.

Les ongles noirs, les enfants repartent satisfaits, sachant que demain sans doute nous reviendrons, puis la fois prochaine, un jour.

ImageInstrument souvent noyé dans l’orchestre, touche romantique aux échos d’une époque révolue, rappel désuet de salons cossus, ou encore imagerie de conte de fée, la harpe classique est un instrument peu connu du public, et  bien souvent sous-estimé.

Les doigts glissent, s’agrippent ; le corps est arc-bouté sur l’objet impressionnant et lourd. Un rideau de cordes coupe l’espace en deux, sépare les sons, des plus aigus au plus sonores. La harpiste joue et les associations jaillissent. Elles sont nombreuses : eau, cailloux, feuilles, vent, tonnerre, brise, tempête –  on reconnaît bientôt tous les éléments. Quant aux couleurs, elles se dessinent avec les notes tantôt douces, mélancoliques ou bien fortes et colériques. Du bleu au rouge, du pastel au foncé on laisse le voyage commencer.

Chicago, fin de soirée, les derniers rayons du soleil diffusent un halo orangé, ville et hautes tours du centre servent de coulisse à l’instrument bien planté au milieu de la pièce.  Les notes s’égrainent, rapides et aériennes, sautent de l’une à l’autre, caracolent. Une vingtaine de personnes, d’amis ou de simples connaissances assistent à ce concert privé et écoutent en avant première quelques morceaux d’une œuvre ambitieuse, encore à l’ébauche, née de l’amour de la musique et de celle d’un livre, celui d’Italo Calvino Il barone rampante (Le baron perché).

1767, dans une petite ville de Ligurie, Cosimo Piovasco di Rondò, a 12 ans et est le fils ainé d’un aristocrate. Forcé lors du repas familial à avaler contre son gré un plat d’escargots il se rebelle contre la rigueur familiale, et se refugie dans les arbres du parc jurant de ne plus jamais en redescendre. Médusée la famille assiste jour après jour au siège que tient Cosimo, réalisant bien vite que la lubie infantile s’est transformée en résistance radicale et est devenue l’expression d’une liberté totale. Les semaines passent, les mois puis les années et reprenant le titre de son père après la mort de celui-ci, il devient le baron perché, voyage d’un arbre à l’autre, et vit sa vie d’homme, de penseur, dans les airs.

Roman d’aventures mais aussi conte philosophique (car le «  I would prefer not to » de Melville n’est pas loin),  Il barone rampante invite à penser, incite à rêver et aussi à jouer….

Et bien sûr qui dit perché(e), sur un arbre, un livre, ou un instrument, dit se donner les moyens de découvrir le monde sous une perspective différente, dit pouvoir survoler afin de mieux circonscrire.

La harpiste, Isabelle Olivier, s’inspire du livre de Calvino, pour rédiger son opéra jazz et harpe, un projet auquel se joindront bientôt d’autres musiciens et chanteurs. Pour l’heure les notes dansent, rebondissent comme les sauts du baron, du chêne au magnolia, du mûrier au cerisier ;  la nature est reine, protectrice ou menaçante, les sensations sont à fleur de peau et les rencontres se tissent sur fond de verdure – entre ciel et terre.

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Alors les yeux fermés et je jour se couchant sur la ville,  on s’envole au plus   profond des bois avec Cosimo, qui soudain a troqué les lianes de la forêt pour des cordes de la harpe.

 

Photo Bettina Frenzel Wiener Wald – (de la série Wiener Bilder)

ImageDie Wand, traduit par Le mur invisible en français, est le titre du roman de Marlen Haushofer, née en Haute Autriche et morte en 1970 à l’âge de cinquante ans à Vienne. Deux mots, laconiques qui rappellent ceux des romans de Kafka.

Une femme, sans nom, commence la rédaction de son journal, ce qu’elle appelle de façon plus clinique et moins personnelle son « rapport » (Bericht). La date bien que précisée reste vague, noyée dans un temps informe. Les raisons de l’écriture sont données d’emblée. Elle n’écrit pas par désir ou plaisir mais par nécessité, pour ne pas sombrer dans la folie.

Deux ans et demi plus tôt, un couple d’amis plus âgés l’invite à passer quelques jours dans un chalet de montagne, en Haute Autriche. La nature est souriante et les paysages bucoliques promettent un peu de repos au grand air. A peine arrivée le couple part à pied au village, laissant derrière eux leur chien, Luchs. La soirée se passe, puis la nuit et le couple ne rentre pas. La femme et le chien suivent les traces du couple et s’acheminent vers le village. Bientôt ils se heurtent tous deux à une surface transparente, un mur, froid et dur qui empêche toute avancée.

Perplexes, effrayés, ils rebroussent chemin vers le chalet. Les heures passent, puis les jours et rien ne bouge ; le mur reste là, empêchant toute échappée, les gardant prisonniers d’un morceau de montagne, d’un bout de nature.

Stupéfaction, accablement et angoisse oscillent avec l’espoir de se réveiller à tout moment de ce cauchemar, celui d’être sauvée. Mais les jours filent et tout paraît pétrifié derrière le mur, hommes et animaux aperçus plus loin, ressemblent à des poupées de cire, figées à jamais dans l’espace et le temps. Le paysage est le même, la végétation intacte mais toute vie semble s’être retirée au-delà du mur, de cette chose invisible et palpable.

Arpentant son nouveau territoire, la femme tombe nez à nez avec une vache perdue et la ramène au chalet. Un veau, dans ses limbes, naîtra quelques mois plus tard. Une chatte également rescapée rejoint le groupe de survivants. Elle aura une couvée de chatons, puis deux, puis trois.

La vie derrière le mur s’organise. Car il faut pourvoir à la survie de tous. Les animaux deviennent les confidents, une raison d’être, ceux qui empêchent de se laisser aller et pour qui la femme se doit de continuer à vivre. De nouvelles responsabilités ponctuent chaque journée : traire Bella (la vache), chasser le gibier qui peuple cette partie de nature, semer la terre de quelques pommes de terre et haricots laissés en provision pour l’hiver, faire fructifier la récolte, cueillir les baies, pêcher dans la rivière attenante – prévoir enfin pour chaque lendemain et pour la subsistance de chacun. Les saisons passent et la vie ressemble par certains côtés encore étrangement à celle d’auparavant ; elle est faite de naissance, de mort, de travail intense, d’espoir, de peine et de quelques joies.

Sorte de Robinson Crusoé féminin, la femme a peu de temps pour s’apitoyer sur son sort. L’effort précède la pensée et la survie est ce qui dicte le quotidien. Cependant la mort tragique du veau et surtout du chien, ce compagnon devenu si proche, la pousse à prendre la plume. Tous deux sont tués à coups de haches par un homme en folie, autre prisonnier des montagnes probablement, devenu au fil des ans aussi sauvage que le lieu et qui surgit soudain de nulle part. La femme raconte, elle écrit son « rapport » sur de vieux calendriers, sur tous les restes de papier épars, pour continuer le dialogue, ne pas perdre la raison, pour fixer notamment un temps qui s’échappe inexorablement, et cultive peut-être ainsi l’espoir vain et à demi conscient d’un possible lecteur.

Le film du même nom, réalisé par Julian Roman Pölsler en 2012, reprend avec fidélité la trame du livre de Hausfoher. Pendant près de deux heures le spectateur vit au rythme d’un personnage central, la femme, jouée par la remarquable Martina Gedeck, connue notamment pour Das Leben der Anderen (La vie des autres). Les animaux dont l’importance va grandissante ainsi que la nature toujours omniprésente constituent le reste de la distribution. Suspense et atmosphère fantastique maintiennent l’attention du spectateur, fasciné par l’étrangeté de l’histoire et la beauté sauvage des montagnes autrichiennes.

Extraordinaire, Gedeck incarne à merveille toutes les phases de son personnage, sa transformation, morale et physique. On la sent à la fois fragile et robuste, forte et faible, résignée et courageuse. Du silence monte la voix off de la femme qui écrit, accompagnée du bruit fait par le crayon sur le papier, puis de celui de ses pas craquants sur le plancher en bois lorsque fiévreuse elle se remémore son passé et essaie de donner un sens à l’insensée. L’utilisation de la musique est rare dans le film et les partitas de Bach sont réservées aux rares moments d’harmonie de la femme avec son environnement, à cette paix intérieure enfin atteinte lorsqu’elle arrive à fondre avec la nature. En revanche, près du mur, toujours là mais de moins en moins présent au fil de l’histoire, tous les sons s’arrêtent. Seul un léger sifflement électronique souligne l’absence de bruit ; il renforce l’idée de claustrophobie et d’inhumanité.

Les questions évoquées dans le roman sont nombreuses, elles déstabilisent. Doit-on y lire/voir le symbole d’un refuge ou une sorte de paradis de retour aux sources ou bien plutôt celui d’un enfermement dans la folie, dans l’enfer et l’apocalypse? Métaphore d’une femme à jamais coupée du monde et enfermée en elle-même ? Tentative de définition de la condition humaine ? Ultime leçon de courage ? Hymne à la vie ? Toute interprétation est permise et l’émotion ressentie par l’œuvre est intense.

On voit le film comme on lit le livre, avec lenteur et cependant complètement absorbés. La monotonie des tâches quotidiennes, le jour qui chasse la nuit, les pensées qui tournent en boucle, les saisons qui se répètent, rythment l’histoire, lui donne sa mesure et permettent au lecteur-spectateur d’entrer dans un temps hors du temps, une méditation profonde sur la vie.

Il est des films qui sont à la hauteur des livres qu’ils abordent, c’est le cas pour Die Wand, un livre et un film que je sais déjà vouloir revoir et relire.

Vingt minutes le long du parc, par les rues ombragées, vingt minutes pour laisser tous les petits plaisirs du jour s’imposer; pas mesurés, senteurs naissantes, moments suspendus que rien n’atteint – ma marche du matin.

Elle est faite de rien , et de tout; d’une odeur de terre fraîchement arrosée, d’une couleur d’herbe plus verte, de touches de couleurs éparses et de légers frissons que le vent sur ma peau fait lever.

La chaleur viendra, elle n’est encore qu’une promesse. Calme, la nature donne envie de s’y lover, de rester dans cet entre deux qui sépare un monde de l’autre.

.Une pierre sur une autre,
L’une à l’autre à jamais liée,
Différente et prête à défier

Le temps,
Le vent,
Le changement.Trois générations rassemblées
Et par l’image retrouvée,
L’odeur de l’enfance perdue
Dans l’histoire d’une tribu,

Coule ciment ciselures
Visages et mains burinés
De travail ou de rire tanné
Regards de famille surannés,

Ta propre architecture.

.

Qui dit fin d’année, dit en France et pour ceux bien sûr que les mots transportent, rentrée et prix littéraires. On attend les derniers crus comme le beaujolais nouveau et découvre quelques inconnus ou en salue d’autres déjà intronisés. Une cérémonie comme une autre qui permet de connaître ou reconnaître. Il y a ceux qui sont répertoriés et ceux qui finalement sont choisis. Les deux listes sont intéressantes, même si l’une défraie plus les médias que l’autre.C’est dans ces listes, entre autres et dans le temps aussi, que j’ai fait mon marché, les dernières cuvées ayant retenu mon attention pour mon prochain cours de littérature.

A travers extraits et passages choisis nous aborderons les livres dont tout le monde parle et aussi ceux que personne ne connaît encore :

o Alexis Jenni – L’Art français de la guerre (Prix Goncourt – 2011)
Dans cette fresque l’auteur nous entraîne dans une méditation sur la guerre, vécue et vue par la France, le tout sur toile de fond du 20e siècle. Deux histoires se donnent la réplique, celle du narrateur et celle du héro principal, Victorien Salagnon « il m’apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire ».

o Delphine de Vigan – Rien ne s’oppose à la nuit (2011)
L’auteur dresse un portrait de sa mère disparue. Elle retrace sa vie, celle qu’elle a connue et imagine l’autre, celle qui lui échappe. Intimiste, courageux et pudique, une magnifique introspection sur la famille, ses secrets et ses blessures.

o David Foenkinos – Les souvenirs (2011)
On le connaît léger et plein d’humour (on pense ici à La délicatesse, Le potentiel érotique de ma femme ou Nos séparations), il se lance cette fois dans un genre plus grave, celui qui convie la mémoire et des réflexions plus existentielles sur la vieillesse, la mort et la famille. Les formules font mouche et le style est toujours enlevé.

o Sylvain Tesson – Dans les forêts de Sibérie (2011)
Imaginez-vous six mois en Sibérie, dans une isba en bois perdue dans l’immensité blanche et le silence. C’est le défi que s’est donné Sylvain Tesson, journaliste-écrivain-voyageur, et le récit de ce livre ou plus exactement journal de bord. On savait le bonheur dans le pré, serait-il dans la neige ?

o Philippe Claudel – L’enquête (2011)
L’auteur aime mener l’enquête et sonder l’humain ; ses autres livres comme Le rapport de Brodeck ou Les âmes grises l’ont prouvé. Cette fois il s’agit de comprendre une étrange épidémie de suicides ou ne serait-ce pas plutôt une autre fable kafkaïenne pour mieux cerner les méandres du Moi, et comprendre le sens de la vie.

o Michel Houellebecq – La carte et le Territoire (Prix Goncourt – 2010)
Chronique mondaine, roman à clefs, polar, l’auteur flirte avec les genres et heureusement nous épargne les dérives charnelles et peu ragoûtantes et dont il est généralement friand. Un livre aux multiples facettes et à la structure parfaitement maîtrisée, qui nous livre de façon parodique un reflet de notre société
(Et vive l’auto-plagiat ! je renvoie à un autre billet de ce blog intitulé Une pléiade d’auteurs pour l’année à venir)

o Frédéric Beigbeder – Un roman français (2009)
Sulfureux, mondain, tape-à-l’œil, le début du livre est fidèle à l’image médiatique du personnage, le reste est un retour en arrière sur son origine bourgeoise, la famille au sens plus large, une époque enfin.

o Olivier Adam – Des vents contraires (2009)
Qui dit absence dit béance, celle que vit un homme Paul Andersen, dont la femme disparaît subitement, sans laisser de traces. Dans la ville de son enfance et dans un décor agité de bord de mer, il tente alors avec ses deux jeunes enfants de refaire surface, de vaincre ses doutes et surmonter son désespoir.
Une adaptation cinématographique vient de sortir en décembre dernier, avec dans le rôle principal Benoît Magimel.

Alliance Française de Chicago – Cours de littérature session Hiver 2012

A l’aide de sa caméra et sur le thème de la rose, l’artiste tente de cerner l’univers viennois, sa profondeur et sa légèreté, voire sa complexité. Sur chaque photo on découvre une rose, tantôt blanche, tantôt noire ou encore colorée.

Mise en situation, elles jouent toutes les rôles qui leur sont assignés.

La première, de couleur chair, repose sagement sur une planche en bois, prête à être aplatie et panée comme l’illustre escalope viennoise. La seconde bouge, joueuse et frivole et sème avec humour ses pétales au gré du vent. Une autre encore est prisonnière d’une roue métallique, à l’instar de celle plus grande et plus connue du Prater.

Pourpre et de velours, une rose charnue évoque les abords de Vienne, quartiers de plaisir et de conquêtes d’un moment.

Une encore, ou plutôt plusieurs, se partagent l’espace d’une portée musicale, car qui dit Vienne dit bien-sur musique, à travers les chansons fredonnées dans les tavernes viennoises, mais aussi les airs d’opéra et les concerts symphoniques.
La politique de Vienne, ambigüe parfois, surtout quand elle touche à l’immigration est représentée par des roses noires qui en côtoient d’autres blanches, leur font face, presque menaçantes – métaphore de la mixité comme de la dichotomie d’une culture en lutte avec son passé et ses frontières si malmenées par le temps.

Plus loin, on retrouve quelques nuages de pétales neigeux, vaporeux, ils dessinent le ciel de Vienne. De longues et fines tiges, sans feuille, montent vers le ciel et miment les arbres de la forêt Viennoise. Là quelques feuilles séchées, en piles inégales, simulent les montagnes si proches de la ville.
Quant aux épines entrelacées, elles rappellent vu du ciel l’enchevêtrement d’un réseau urbain, riche – fait de rails de métro, de tramway, comme de lignes de bus.

Une dernière photo enfin transforme les roses en ombre chinoise quand la nuit vient à tomber sur la ville.

La liste de roses n’est pas exhaustive, celles des photos non plus. Aussi j’invite tous ceux que la beauté interpelle à se prendre un moment pour rêver Vienne à travers cette somptueuse série de photographies et bientôt de cartes postales.

L’artiste vit à Vienne. Son exposition intitulée Wiener Bilder sera au Luxembourg en 2012.

On peut à partir de ce blog et dans la rubrique Liens accéder à son site : Bettina Frenzel Photographe.